mardi 9 novembre 2010

En dépit de tout (Mai 97)



Dans les périodes un peu difficiles, il est parfois réconfortant de se replonger dans de vieux souvenirs. C’est comme ça que je suis retombé sur tout un tas de vieux courriers que l’on s’était échangés avec Aaron au fil des ans après avoir découvert son zine Cometbus, un heureux hasard remontant à près de 2 décennies…

Autre temps, autre époque comme dirait l’autre, où les connexions n’avaient pas ce côté tout autant instantané qu’éphémère qu’internet a pu leur conférer au fil des ans, mais s’établissaient souvent de façon plus durables au moyen de fastidieux échanges épistolaires.

J’avais le souvenir d’un certain nombre de courriers que l’on s’était échangés, mais ne pensais pas qu’il y en avait eu autant. Parmi cette bonne soixantaine de lettres dans lesquelles je me suis replongées en ce pluvieux weekend on ne peut plus propice à ce genre d’activité, un certain nombre d’entre-elles ont ravivé tout un tas d’heureux souvenirs, à commencer par celles ayant servi à la réalisation de son premier recueil de nouvelles « En dépit de tout » que l’on avait sorti avec Yves du zine My World Is… et mon ami Juan qui s’en répartirent l’ensemble des traductions. Celui-ci sortit sous la forme d’un simple zine photocopié de 120 pages au même format que Rad Party, résultat de 2 bonnes années de travail plus ou moins acharné dont nous étions loin de nous imaginer que le résultat soit amené par la suite à toucher autant de gens tant au sein de la scène punk qu’hors contexte musical...

Tout était parti de cette lettre que m’avait envoyée Aaron après que je lui ai proposé de faire une édition européenne de son zine via Small Budget Productions (l’asso que nous avions monté avec Yves) pour essayer de le diffuser en France, voir de manière un peu plus ambitieuse en Europe, en en réadaptant le format pour en limiter le coût tout en conservant son contenu en anglais.

L’idée de le réimprimer tant en anglais que sous un autre format que celui d’origine ne l’enchanta pas des masses, mais il me proposa à la place d’essayer de travailler ensemble sur un recueil de nouvelles traduites en français avec pour seules exigences que celles-ci soient retranscrites à la main avec ma propre écriture (ce qui s’avéra quelque peu flatteur, je dois le reconnaître) et sous une présentation similaire à mon propre zine (Rad Party).

L’idée me parut encore plus existante que celle que j’avais eu à la base, et j’ai bien évidemment accepté dans la foulée sans mesurer un seul instant l’ampleur du travail que tout ceci risquait de représenter.

On s’y colla à 3, Yves et Juan s'étant chargés de la traduction des textes (une bonne trentaine de nouvelles, plus ou moins inédites à l’époque) et moi de leur retranscription manuscrite, et coordination du tout (soit toute la partie chiante… maquette, impression, et diffusion). On s’en arracha les cheveux un nombre incalculable de fois, prêts à renoncer à tout moment, ou en alléger le contenu, mais au bout de 2 ans, le résultat vit enfin le jour, et sortit à l’occasion du 3ème ou 4ème F.O.C.U. qui se tenait cette année là à Lyon (en Avril ou Mai 97, si ma mémoire n’est pas trop déficiente).

On n’avait absolument aucune idée de l’intérêt que les gens seraient susceptibles de porter à la chose, et pensions qu’un tirage raisonnable de 100 exemplaires serait amplement suffisant dans un premier temps pour une chose aussi confidentielle. Il en fut ainsi imprimé une petite centaine de copies, dont plus de la moitié furent donnés à des proches ou gens rencontrés au hasard de concerts à chaque fois que l’occasion se présentait ou semblait opportune.

A notre grande surprise, la demande fut telle que l’on fut très rapidement amenés à en retirer un second pressage de 100 exemplaires, puis un troisième, un quatrième, un cinquième et un sixième et ce sans la moindre promo (plus par fainéantise et laxisme que réelle volonté de notre part), au simple moyen du bouche à oreille et des chroniques (souvent dithyrambiques) qu’en firent toutes sortes de zines.

Les années passant, on me demanda régulièrement s’il était toujours possible d’en prendre des exemplaires en distro ou d’en acheter en direct (souvent pour l’offrir), et de petits pressages sporadiques d’un dizaine ou vingtaine de copies furent régulièrement réimprimées en fonction de la demande, jusqu’à la mi-2007 où les gens de la Corde Raide nous demandèrent l’autorisation de rééditer le tout de façon plus officielle sous la forme d’un livre de poche imprimé regroupant également le second volume que nous avions traduit quelques années plus tard sous le nom d’« Instantanés ».

Ne connaissant les tenants et aboutissants de ce qui avait été convenu avec Aaron, j’ai bien évidemment donné mon aval sans hésiter, estimant à juste titre qu’après tout les textes étaient avant tout la propriété d’Aaron et que je n’avais pas grand mot à dire là-dedans. J’ai juste regretté par la suite de ne pas avoir eu la présence d’esprit de leur suggérer de traduire plutôt de nouvelles histoires (ou mieux encore, « Lanky » ou « Double Deuce », les 2 numéros de Cometbus qu’Aaron avait sorti sous forme de roman), plutôt que de ressortir des textes ayant déjà connus une certaine diffusion… Mais la machine était déjà lancée, lorsque je m’en fis la réflexion et je dois reconnaître que les problèmes de santé dans lesquels je m'étais retrouvé embourbé à l’époque (thème récurrent de ma vie…) m’en firent reconsidérer certaines de mes priorités qui n’étaient pas forcément de polémiquer sur la sortie d’un livre.

C’est probablement mon seul regret. Quoi qu’il en soit pour le plaisir des yeux, et le côté « iconographique », voir « historique » de la chose (ou de simplement partager quelques-uns de ces moments pouvant paraître anecdotiques à certains, mais malgré tout un peu « magiques » à mes yeux), je n’ai pu résister au plaisir de scanner quelques-unes de ces nombreuses lettres qui servirent à l’élaboration et la concrétisation de ce fameux recueil, à commencer par ce courrier qui fut le démarrage de tout…



Suivi d’une première mise au point sur son éventuelle forme…



Puis sélection et envois de textes dont certains inédits à l’époque...


Tel « On The Right Tracks » encore à l’état de brouillon…




Jusqu’à sa mise en forme définitive…


Ordre des textes…


Sélection de police pour les titres de chapitres…


Esquisses de couverture (dont le dessin a par la suite servi de rond central pour le EP de Redmond Shooting Stars, si je ne me trompe pas)…


Buisnesses internes...



Et premiers retours après sa sortie, plutôt plaisant à lire, dont ces petites phrases m'ayant toujours triper réussissant à résumer à merveille certaines situations difficiles en à peine quelques mots, je vous laisse deviner lesquelles…

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